• TANY ZAMPA

     
    TANY ZAMPA, LE SERPENT À SONNETTE MARSEILLAIS





    Un Jeune Voyou Imprégné de l'Odeur du Milieu

    Gaëtano Zampa, dit Tany, mais aussi Gaï ou Don Gaëtano, est né le 1er avril 1933 à Marseille, dans le quartier du Panier.
    Il a de qui tenir : son père, Mathieu Zampa, né en 1902 à Naples, est un voyou respecté dans la ville. Il a commencé dans les années 30 sous Carbone et Spirito, puis s'est rangé du côté des Guérini après la Libération, comme la plupart des marseillais de l'époque. Il a été le propriétaire du bar de la Ruche, et a trafiqué à Saigon, notamment les piastres, en 1950. Dans les années 60, il part à Dakar exploiter un night club. Il reviendra à Marseilla en 1972 et mourra l'années suivante.

    Autant dire que Tany a grandit avec le Milieu et connaît parfaitement son parfum. Lorsqu'il débute dans le métier comme macrau, vers 1950, dans le quartier Saint-Lazarre, tout le monde le connaît. À vingt ans, il travail dans le service d'ordre de Gaston Defferre. À même pas vingt-cinq ans, il tient déjà un hôtel, le Réal. C'est un flambeur, il aime montrer sa richesse, tout en évitant d'irriter les anciens de la ville. À Marseille, des caïds comme Antoine Guérini, Robert Blémant ou Paul Mondoloni l'apprécient.

    En 1955, il monte à Paris en même temps que la "Bande des Trois Cannards", dont il connaît certains membres grâce aux Italiens de Panier. L'équipe, qui a commencé en Côte d'Azur, a décidé de se lancer dans le racket d'hôteliers parisiens (en plus d'être des racketteurs, les membres de la bande donnent aussi dans le casse, le proxénétisme, le jeu...). Beaucoup de voyous de la capitale commencent à la cotoyer, et pas n'importe lesquels. Ils sont parmis les plus durs : Joseph Brahim Attia, Georges Boucheseiche, Jean Palisse... Tany Zampa, qui connaît déjà très bien le Milieu, est désormais rôdé pour un tas d'activités. À Paris, il apprend à connaître des voyous violents, il s'habitue à leur attitude. Il est lui-même un nerveux, un "excité".



    Une Bande Redoutable

    Jusqu'en 1965, Zampa travaillera entre Paris et Marseille. Dans la cité phocéenne, il commence à s'entourer de vrais durs. Des impulsifs, des sanguinaires, des personnages violents et craints. Son passage dans la "Bande des Trois Cannards" a été très formateur. Il établit avec ses hommes une sorte de pacte de sang. Mais Zampa est impitoyable : il serait très bien capable d'en descendre un s'il devenait gênant. On peut citer parmis eux Jean Toci, son bras droit, Gaby Regazzi,Bimbo Roche, Gérard Vigier, Gilbert Hoareau dit le Libanais, ou encore Jacky le Mat. Plus une multitude d'autres durs issus de la nouvelle génération.

    L'efficacité de Zampa dans le racket et la protection pousse bon nombre de caïds marseillais à faire appel à lui, notamment Robert Blémant. Il prend ses aises et se permet tout et n'importe quoi. Certains anciens, adeptes des règles "morales" du Milieu, comme Mémé Guérini, voient d'un mauvais oeil les méthodes violentes de Zampa. Mais personne n'ose s'opposer à lui.

    Alors qu'il commence à investir dans l'héroïne, Gaëtano Zampa signe un gros coup : le cambriolage de la caisse d'allocations familliales de Marseille, dans la nuit du 31 décembre 1960 au 1er janvier 1961, pour deux millions de francs. Zampa monte en puissance. Il a investit dans la prostitution, la drogue, les jeux et il est le plus efficace racketteur de la Côte. Mais les Guérini occupent le trône du crime marseillais. Et on ne s'attaque pas aux Guérini. Mais le 4 mai 1965, Robert Blémant est abattut sur ordre d'Antoine Guérini. Pour Zampa, c'est une aubaine. Le Milieu n'accepte pas qu'Antoine ait fait assassiné un pilier comme Blémant uniquement par jalousie. Les associers des Guérini s'écartent peu à peu du clan, qui s'en retrouve très affaiblit.

    Zampa en profite. Il ordonne à ses hommes de racheter ou de "protéger" les établissements de la région, dont, à la fin des années 60, certains appartenant (ou ayant appartenu) aux Guérini. Les lieutenants de Zampa exécutent les ordres et opèrent avec violence et détermination. Grâce à eux, Zampa met la main sur un bon nombre d'établissements de nuit. Et l'incarcération de Zampa de 1966 à 1970 ( il se marie en prison en juin 1966) n'empêchera pas ses hommes de continuer de prendre du terrain. Lorsqu'il sort de prison, Zampa est le nouveau maître des rues marseillaises : Antoine Guérini a été abattu en 1967 (certains pensent que c'est Jacky le Mat qui l'a exécuté sur ordre de Zampa), et Mémé est en prison. Pendant les années 70, Tany s'intéresse au trafic d'armes et aurait fournit l'ETA.



    L'Heure des Comptes a sonné

    Si dans l'ombre de Zampa Jacky le Mat gagne du galon, c'est surtout Francis le Belge qui monte en puissance. Les deux hommes se sont régulièrement croisés à Paris, mais restent rivaux. Le tout est qu'en 1972, des trafiquants d'héroïne proche de Zampa ont escroqué le Belge d'une grosse cargaison. Prévoyant une riposte, Zampa décide d'agir : le 5 septembre 1972 sont abattus au Canet Robert Di Russo, Jean-Claude Bonello et Daniel Lamberti. L'un des tueurs est abattu le 14 octobre en Corse, et l'autre le 28. Le 26 décembre, c'est un homme du Belge qui tombe, puis deux autres en février 1973, à la Belle-de-Mai. Francis le Belge réplique durement : le 31 mars, quatre hommes sont tués au bar du Tanagra. Il s'agit de Joseph Lomini dit le Toréador, l'un des trafiquants ayant escroqué le Belge et cible principal du commando, Ansan Bistoni dit l'Aga Khan, poid lourd de la French Connection, Jean-Claude Napoletano, un petit truand, et la patronne du bar. En novembre de la même année, l'arrestation du Belge et sa condamnation à quatorze ans de prison mettent fin aux affrontements. Par ailleurs, la légende veut qu'en plein coeur des combats opposant les deux marseillais, Zampa et ses hommes auraient apperçu le Belge à Paris, sans aucune protection, mais auraient refusés de faire feu sur ce dernier car accompagné de sa mère. Au cours de ces affrontements, Zampa aura préféré se réfugier en Italie pour échapper aux balles et à la police, et y restera jusqu'en 1975.

    Tany fera huit mois de prison pour port d'armes cette année-là et est soupçonné d'avoir fournit des moyens pour le "casse du siècle" de Spaggiari en 1976. En parallèle de ses démêlés judiciaires sans concéquences (il est très peu probable qu'il ait eu un quelconque rôle dans le casse de Nice), Zampa se lance dans les jeux de la Côte d'Azur en association avec son ami d'enfance Bimbo Roche et le roi du jeu niçois Jean-Dominique Fratoni.

    Mais même si tout semble aller bien pour Zampa, il reste un point noir : Jacky le Mat. Ce dernier s'est écarté de Tany et ne cesse de faire augmenter son capital. Alors lorsque les intérêts des deux hommes se toucheront, les balles vont fuser. Le litige survient en 1977, lorsque Jacky le Mat racket un client qui était déjà la cible de Zampa. Ce dernier, fou de rage, part régler son compte au Mat le 1er février, accompagné de Gaby Regazzi et Bimbo Roche. Il tire sept balles de 11.43 sur son ennemie tandis que ses accolytes tirent chacun une décharge de chevrotine. Mais manque de chance pour Tany, Jacky a survécu à ses blessures et prépare la contre-attaque. De mars 1977 à avril 1978, les corps vont tomber des deux côtés (douze au total). Avec une avance pour le Mat, qui a éléminé les portes-flingue qui faisaient toute la puissance du clan Zampa. Ce dernier en sort très affaiblit, et sur le terrain il ne tient plus réelement Marseille.



    Une fin peu glorieuse

    Les pressions policières ne font qu'aggraver les choses. Surtout à partir d'octobre 1981, date de l'assassinat du juge Michel, pour lequel Zampa est immédiatement soupçonné. À partir de cette date, Zampa est sans cesse surveillé, ce qui limite fortement son influence et son contrôle du crime marseillais.
    En octobre 1983, Gilbert le Libanais, accolyte de Zampa spécialisé dans le monde de la nuit, est descendu. Le clan Zampa est sûrement l'auteur de cette assassinat, n'ayant pas supporté l'éloignement du Libanais par rapport au clan et son ambition d'enrichissement solitaire. La police met la main sur sa comptabilité et y découvre des affaires louches auxquelles sont liés Tany Zampa, sa femme, son avocat, et de nombreuses autres personnes. En novembre, ils sont tous arrêtés.

    En prison, Zampa sombre lentement dans la folie. À l'intérieur des murs tout comme à l'extérieur, le monde des voyous s'amuse à surnommer l'autoproclamé "parrain à l'italienne" la "marraine" ou encore la "balance". Les 20 et 22 juin 1984, il tente vainement de se suicider. Et le 23 juillet, malgré une condamnation ne pouvant atteindre au maximum que cinq ans de prison, Tany Zampa se pend dans sa cellule des Baumettes. La trachéotomie tentée par son voisin de cellule avec un couteau n'a rien arrangé. Zampa meurt finalement le 16 août 1984 à 51 ans, aux termes d'une lente agonie.

    Néanmoins, d'anciens fidels de Zampa s'étant fait plus discrets que d'autres vont continuer leur route dans la criminalité pendant un certain temps, notamment Jean Toci, qui sera assassiné en mai 1997 à Istres.

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